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Le 10 septembre 2025, un chantier historique démarrait pour une durée de 3 ans, à Paris La Défense. Cette grande esplanade est reconnue mondialement pour son arche et pour représenter le premier centre d’affaire européen.
Ce sont 5 hectares qui seront végétalisés et rénovés, avec l’ambition de faire place à plus de la nature en ville et à une vie de quartier.
Paris La Défense souhaite également diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre et faire de son esplanade, le premier quartier d’affaires post-carbone de dimension mondiale.
Pour l’occasion nous sommes à la rencontre de la cheffe de projet d’un des plus grands espaces verts sur dalle de France, Zeineb Kilani.
Paris La Défense, place à la nature urbaine
C’est dans sa Tunisie natale, à Kairouan, qu’est née sa passion pour l’architecture et l’économie circulaire. Adolescente, elle découvre que la Grande Mosquée du VIIe siècle repose sur des colonnes romaines et byzantines récupérées sur ce territoire classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Cette révélation du réemploi et du patrimoine guide aujourd’hui sa pratique professionnelle. Zeineb a toujours cherché les grands défis urbains, de la Canopée des Halles aux aménagements du Trocadéro, en passant par le pied de la Tour Eiffel.
Zeineb Kilani et ses équipes portent une vision ambitieuse : réconcilier le premier quartier d’affaires européen avec la nature en ville.
Créer un jardin au-dessus du métro
Créer un parc de 5 hectares au-dessus d’infrastructures de transport relève de l’exploit technique. Sous l’Esplanade circulent le métro ligne 1, le RER A, l’autoroute A14, sans compter les voies souterraines de livraison et de stockage.
« Un parc sur dalle, c’est comme une toiture », explique Zeineb, ce qui impose un triptyque contraignant : respect de la capacité portante, étanchéité parfaite, gestion des eaux pluviales.
L’exploit devient d’autant impressionnant qu’il existe 535 arbres plantés dans les années 70 par le paysagiste américain Dan Kiley et ses équipes. Ces patriarches végétaux ont grandi dans des jardinières de seulement 2 à 3 mètres de profondeur, créant des « platanes bonsaïfiés » adaptés aux contraintes urbaines.
Le cabinet Michel Desvigne, en charge de l’aménagement paysager de ce nouveau projet, a choisi de « réécrire sur l’existant ».
L’économie circulaire s’est imposée naturellement : blocs de granite pour créer les escaliers, garde-corps inox nettoyés et maintenu, mobilier urbain des années 70 remis en service. L’innovation va jusqu’au choix des matériaux de remblai : exit le polystyrène traditionnel, place aux structures nid d’abeille. Moins de plastique permettra d’anticiper déjà le recyclage dans 30 à 40 ans.
Des pipistrelles aux innovations technologiques
Au-delà des 314 nouveaux arbres et 140 espèces végétales, le projet souhaite créer un véritable écosystème urbain. Six bassins biologiques de plus de 60 m² chacun, en circuit fermé et sans chlore, accueilleront la biodiversité locale, oiseaux et insectes.
La surprise vient des diagnostics préalables : une forte présence de pipistrelles utilise déjà les tours comme couloir de navigation entre les deux bras de Seine. Le nouveau parc intègre une « trame noire » avec des mâts d’éclairage de 4 mètres maximum, avec une extinction progressive nocturne et des détecteurs de présence pour préserver cette faune nocturne.
Deux zones de prairies libres sans entretien intensif et inaccessibles au public serviront de refuge à la petite faune. La gestion de l’eau, quant à elle, se veut exemplaire avec une désimperméabilisation massive de surfaces aujourd’hui bétonnées, et un captage de l’eau de pluie qui aujourd’hui file directement dans le réseau.
Ce sont trois ans de travaux qui commencent pour ce nouvel aménagement qui coûtera 29 millions d’euros. Pour maintenir la vie du quartier, les travaux se dérouleront par phases successives, avec un « jeu de tiroirs » entre zones fermées et zones ouvertes.
Rendez-vous en 2028 pour découvrir cette révolution verte au cœur du business européen. En attendant, je vous invite à écouter cet échange avec Zeineb Kilani.
Nous avons parlé de :
- Dan Kiley : Paysagiste américain des années 70 qui a conçu l’aménagement original de l’Esplanade
- Michel Desvigne : Paysagiste actuel du projet de rénovation, choisi comme maître d’œuvre depuis 5 ans
- Claude Torricini : Artiste créatrice de la fontaine à boire en forme de grenouille en fonte sur l’esplanade
- Cycle Up : Assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) spécialisé en économie circulaire
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