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Hicham Karkouch est engagé pour les villes baignables. Mais au-delà de cette cause, c’est un professionnel passionné, architecte paysagiste dans l’agence internationale, Omgeving, et secrétaire de BALA (l’association belge des architectes paysagistes), Hicham porte cette vision très claire : l’architecte paysagiste est l’architecte du vivant.

Il nous parle de son métier, souvent méconnu, nous fait part de sa philosophie du temps long dans nos sociétés de l’’immédiateté. Et surtout il revient avec nous sur des projets concrets comme la renaturalisation du parc de Neerpede à Bruxelles

Entre Bruxelles et ses racines marocaines, entre passion pour l’eau et expertise technique, cet échange est riche en perspectives.

Un parcours né d’une évidence

L’histoire de Hicham Karkouch commence par une révélation. Attiré par l’architecture mais freiné par l’idée de construire des bâtiments, il découvre lors d’un séjour à Malte l’existence d’un métier qu’il ne soupçonnait pas : architecte paysagiste.

Cette découverte coïncide parfaitement avec ses origines. Ayant grandi dans un quartier défavorisé, il comprend intuitivement que les premiers à subir les conséquences du changement climatique sont aussi ceux qui ont le moins accès à la nature en ville.

« C’était une pierre deux coups », explique-t-il avec clarté.

L’architecte paysagiste, un métier encore méconnu

« L’architecte paysagiste est l’architecte du vivant ». Cette formule résume à elle seul la vision d’Hicham sur son métier.

Et si en France le titre a évolué vers « paysagiste concepteur », la Belgique a conservé l’appellation d’architecte paysagiste, reconnue internationalement.

Mais au-delà des questions de titre, c’est la mission qui compte : concevoir des espaces où s’installent des écosystèmes, créer le lien entre l’humain et la nature, travailler avec le vivant sur des temporalités de 25, 50, voire 100 ans.

Nerpède : le parc de 40 hectares pour reconnecter Bruxelles à la nature

Le projet phare dont nous parle Hicham illustre parfaitement cette approche. Le futur parc de Neerpede, dont Omgeving conçoit la partie centrale de 6 hectares sur un ensemble de 40 hectares, répond à un enjeu crucial : créer un corridor de biodiversité d’un seul tenant.

Les interventions prévues sont intéressantes :

  • Fermeture de voiries pour agrandir l’espace naturel
  • Renaturalisation de la rivière, actuellement emprisonnée dans une cuvette en béton
  • Recréation d’habitats disparus avec l’aménagement urbain
  • Développement d’un étang de baignade, une première à Bruxelles

Bruxelles, la ville d’eau

L’engagement d’Hicham pour les villes baignables prend tout son sens quand il nous rappelle l’histoire de Bruxelles. « Bruxelles vient de Broekzele, le village sur le marais », nous dit-il.

Cette ville d’eau, avec ses nombreux marais historiques, a progressivement enterré et canalisé ses rivières. Pourtant, il affirme que jusqu’aux années 80, on se baignait encore dans le canal, il y avait même des compétitions sportives officielles !

Le chemin vers des villes baignables passe par une gestion intégrée des eaux pluviales, domaine où les architectes paysagistes jouent un rôle central.

BALA : développer un métier d’avenir

En tant que secrétaire de l’association professionnelle belge des architectes paysagistes, Hicham Karkouch porte une mission claire : faire connaître et développer ce métier encore trop méconnu, selon lui.

Et si la demande explose et que les projets se multiplient, il n’y a pas assez d’architectes paysagistes pour répondre aux besoins. C’est là, tout le paradoxe de cette profession.

« On a une demande vraiment énorme et on ne sait pas y répondre », constate-t-il.

D’où l’importance de renouveler l’image de ces professions, d’attirer les nouvelles générations vers ces métiers essentiels pour l’adaptation de nos villes au changement climatique.

La philosophie du temps long

La vision de l’architecte paysagiste est d’accepter le temps nécessaire au vivant. « L’arbre, on vient de le planter, cette forêt aussi, donc il faut laisser le temps ».

Dans notre société du “tout, tout de suite”, cette temporalité peut dérouter clients et élus. Il pense que c’est justement là que réside la beauté du métier : inscrire son action dans une chronologie qui dépasse largement les mandats politiques et nos impatiences à voir un résultat.

Une vision humaniste pour nos villes

Au-delà des aspects techniques, Hicham porte une vision profondément humaniste de la ville. Ses références aux villes scandinaves comme Copenhague, son enthousiasme pour les transformations dans la capitale Paris, montrent qu’un autre modèle urbain est en cours.

Cet épisode nous rappelle que derrière chaque parc, chaque jardin, chaque berge renaturalisée, il y a des professionnels passionnés qui pensent nos villes aujourd’hui pour demain. Des architectes du vivant qui méritent d’être mieux connus et soutenus.

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