L’un des préjugés fréquemment véhiculés est que l’agriculture urbaine serait une pratique moderne, fruit d’une innovation contemporaine.
Histoire de l’agriculture urbaine
Pourtant, l’agriculture urbaine ne date pas d’hier. Elle est pratiquée -4000 ans avant JC. Les Sumériens cultivaient déjà au coeur des villes de Mésopotamie. Si comme moi, vous n’avez que peu de connaissance de la civilisation sumérienne, sachez qu’elle est reconnue pour son innovation sur l’écriture cunéiforme et ses avancées en matière d’agriculture et d’urbanisation.
Plus proche de nous, avant la Première Guerre mondiale, un abbé du nom de Jules Lemire, député du Nord, fonde la Ligue Française du Coin de Terre et du Foyer. Il institue la mise à disposition d’un lopin de terre à des chefs de famille ouvriers, pour leur permettre de cultiver les légumes nécessaires à la consommation de leur famille.
Cette initiative, lancée en 1896, visait à améliorer le sort des ouvriers. Elle leur offrait la possibilité de produire leur propre nourriture, tout en les éloignant des cabarets et en encourageant les activités familiales dans ces espaces verts.
En 1973, Liz Christy, une artiste jardinière et ses amis fondent le mouvement « Green Guerillas » à New York. Ils créent des jardins communautaires dans les terrains vagues. Ils lancent des « bombes à graines » dans des espaces abandonnés et installent des jardinières sans permission.

Ce mouvement est né dans le contexte d’un New York en faillite financière, avec de nombreux espaces délaissés à cette époque. Aujourd’hui, plus de 600 jardins communautaires existent à New York grâce à cette initiative. Depuis, le concept s’est répandu dans le monde entier comme une forme de résistance écologique et sociale.
Aujourd’hui, en France il existe plus de 5 000 lieux dédiés à l’agriculture urbaine, 4 800 employés et 350 000 bénévoles composent cette grande famille (voir infographie ci-dessous)
Les types d’agriculture urbaine
L’agriculture urbaine se manifeste sous diverses formes, et chacune d’elles a ses spécificités. On distingue principalement trois grandes catégories :
Les potagers et jardins collectifs : ce sont des espaces cultivés par un groupe d’individus (écoles, entreprises, associations) pour produire des denrées alimentaires et différents végétaux, qui sont en général distribués, partagés ou auto-consommés.
Les fermes urbaines participatives : ce sont des projets collectifs qui offrent une diversité de services (ateliers, visites, restauration, activités sportives et culturelles…).
Les fermes urbaines spécialisées : ce sont des fermes urbaines ayant moins d’activités annexes et dont la production agricole dépasse le 50 % du revenu généré.
D’autres formes existent également comme les fermes maraîchères périurbanisées. Elle se développent dans des zones de transition entre la ville et la campagne, et peuvent s’étaler sur des surfaces de plusieurs hectares.

Quelles sont les bénéfices de l’agriculture urbaine ?
Cette agriculture favorise la biodiversité en créant des habitats pour la faune et la flore. Les espaces cultivés permettent de réduire les espaces minéralisés et par conséquent participent à lutter contre les îlots de chaleur urbains. L’agriculture urbaine permet aussi le drainage des eaux de pluie et une gestion plus efficace de l’eau, tout en valorisant les déchets organiques par le compostage.
Sur le plan social ? Il me semble que c’est un des points les plus importants, car elle vise à créer et à renforcer un lien social souvent délité. Elle favorise les échanges intergénérationnels et culturels. Elle permet de sensibiliser et de mieux comprendre les réalités du métier de l’agriculture, et de reconnecter les citadins à la fois au vivant et à leur alimentation.

Elle est aussi un outil de réinsertion professionnelle. Par exemple, 1 100 personnes sont employées dans ce secteur en Île-de-France selon le réseau associatif Les Cols Verts. Des associations comme Cultivons La Ville rassemblent des ateliers et chantiers d’insertion autour de l’agriculture urbaine en région parisienne.
De nombreux avantages environnementaux sont souvent invoqués comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre, liée à la limitation des transports des aliments, ou la réduction de la pollution. Cependant, les données scientifiques sur l’impact réel restent à consolider et sont même parfois contradictoires. Enfin, la végétalisation des espaces amène une augmentation de la valeur foncière générale, cette donnée est aussi avancée sur l’ensemble des projets de végétalisation du foncier urbain.
Les perspectives de l’agriculture urbaine
Bien que l’agriculture urbaine ne puisse à elle seule assurer l’autonomie alimentaire de nos villes, elle représente une nouvelle voie pour « alimenter et nourrir les villes autrement ».
Il est important de noter que l’agriculture urbaine ne vise aucunement à remplacer l’agriculture rurale, mais plutôt à la compléter en se concentrant sur certains produits spécifiques adaptés au contexte urbain, des produits à forte valeur ajoutée, frais, locaux et de saison.

Les 48 heures de l’agriculture
Les 48 heures de l’agriculture urbaine (ce week-end du 16 au 18 mai) est une excellente opportunité d’aller à la rencontre des agricultrices, agriculteurs et des amateurs de tout âge qui font vivre ces lieux. Cet événement est organisé dans une quarantaine de villes en France, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg et en République Tchèque.
Retrouvez l’ensemble du programme sur la page dédiée, il y a forcément un événement dans votre ville ou votre département. Pour les Lyonnais, on se retrouve ce dimanche après-midi lors de la table ronde sur l’agriculture et le jardinage urbains comme facteurs de commun(s) organisé par la MAULyon (Maison de l’agriculture urbaine lyonnaise).
Vous l’aurez compris, l’agriculture urbaine est bien plus qu’une tendance. A mon sens, elle est une branche des solutions fondées sur la nature en ville, et une réponse concrète et créative aux défis actuels.
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